Le répertoire


Il faut ici distinguer le répertoire ancien (avant 1920) et le nouveau répertoire (après 1920)


Le répertoire ancien

 

Les spectacles joués dans ces petites salles, aux alentours de 1850, étaient très éclectiques, composés de « Mystères » (histoire de la bible où de la vie des saints) des « Chevaleries » et d’autres romans en vogue à l’époque comme l’étaient, « l’Iliade », « Notre-Dame de Paris », « le tour du monde en 80 jours ». En fait, tous les grands classiques. Et bien que tous ces romans aient été adaptés pour les marionnettes liégeoises, seule la chevalerie a connu un franc succès. Et pour cause : ces livres étaient très chers, et rares étaient ceux qui en possédaient. C’est alors que les éditions Larousse décidèrent de publier les romans d’Alfred Delvaux sous le nom de « collection Bleue ». Celle-ci avait la particularité d’être vendue par petits livrets séparés qui, reliés, formaient le livre. Cette collection eut un énorme succès et permit aux ouvriers d’acquérir ces ouvrages qu’ils jouèrent aux marionnettes. Plusieurs documents et témoignages recueillis dans la première partie du XXième siècle signalent que de nombreuses personnes venaient apprendre à lire aux marionnettes. En effet, elles suivaient péniblement dans leur livre ce que disait le montreur et ainsi petit à petit apprenaient des rudiments de lecture. Ce phénomène a certainement induit, sans le vouloir vraiment, une tradition. Le « maître de joue », (la joue étant la série de marionnettes d’un même théâtre) était celui qui lisait le roman et comme les autres montreurs ne savaient pas lire, il était bien obligé de faire les voix pour tous les personnages. De nos jours, bien que presque tout le monde sache lire, c’est toujours une seule personne qui fait toutes les voix et elle a conservé son titre de « maître de joue ».

 

Controverse sur le répertoire ancien

 

Comme beaucoup de gens ont pensé que Conti était le premier marionnettiste, ils ont pensé qu’en plus d’amener ses marionnettes il avait également amené son répertoire de Sicile, vu la ressemblance entre les marionnettes de là-bas et leur, avec nos marionnettes.

Mais tout ceci ne serait que pure coïncidence.  Tout d’abord CONTI est Toscan et pas Sicilien il n’a donc pas pu connaître les marionnettes siciliennes puisque, d’après ce que nous savons de lui, il n’est jamais allé en Sicile. Ensuite, en Sicile, ce sont les poèmes  de Boarda et de Arioste qui sont interprétés,  tandis qu’à Liège ce sont surtout les romans de G. De Paris et d’A. Delvaux. Et s’il est vrai que certains théâtres ont interprété les poèmes italiens à Liège, c’est parce que la matière de chevalerie était très populaire à l’époque et qu’ils ont voulu continuer plus loin dans ce genre. Ils ont donc cherché à retrouver d’autres auteurs plus anciens sur le même sujet…

Le nouveau répertoire

 

Après la Première Guerre mondiale,  le théâtre de marionnettes est en pleine décadence. Devant faire face  aux nouvelles activités comme le cinéma, le développement du tourisme, la radio. Beaucoup de théâtre fermeront leurs portes, surtout ceux destiné à un public mieux nanti. Dans un premier temps, le répertoire va se réduire comme une peau de chagrin autour de la chevalerie et des Mystères. Puis, sous l’impulsion d’un public ouvrier très populaire, il va s’ouvrir aux « riotrèyes ». Petites histoires tirées où inspirées du théâtre wallon ou de la vie courante, qui mettent Tchantchès en scène à l’avant plan et à toutes les sauces. Ensuite, le public " s’infinitisant " de plus en plus, le répertoire va s’étoffer de légendes et contes de fées comme Blanche Neige, Jack et le haricot magique, Ali Baba, ou des contes plus locaux comme Glawenne le dernier des Sotès ou le Meunier des fonds de Quareux. Cette dernière partie, que constituent les histoires féeriques, est celle qui, à l’heure actuelle, est la plus jouée au théâtre de marionnettes et représente à elle seule près de 85% du répertoire actuel. Depuis 1980 on voit aussi un retour des spectacles pour adultes sous l’impulsion de Jacques Ancion et de Henri Libert (deux marionnettistes) qui remettent en scène des romans, des pièces de théâtre, ou des opéras qu’ils adaptent pour les marionnettes. Dans les années 2000, on verra le nombre des théâtres augmenter et un retour sur les romans classiques mais aussi plus actuels. Mais aussi et surtout l’intégration de spectacles inspirés du grand ou petit écran : Schrek, Fantomas, ou encore Docteur Who font désormais partie du répertoire de la marionnette liégeoise.